Poète Dis-moi poète Prophète sans miracle As-tu jamais sauvé une vie Ou guéri une maladie ? Dis-moi poète Serviteur de la langue Qu’advient ton vers sans mots Sans sens sans lecteur ? Dis-moi poète Exilé loin de lui-même C’est ton esprit qui pense Ou bien c’est ton cœur qui aime ? Dis-moi poète Mortel comme moi Que reste-t-il après ta mort La tombe ou la foi ?
« Réveille-toi ! Réveille-toi ! » Criait
la maman en remuant le petit Hassan qui n’arrivait pas à ouvrir les yeux ;
mais sa maman ne le quitta que lorsqu’il s’était levé. Cheveux ébouriffés,
odeur suffocante, mine triste et les deux petites oreilles volontairement
sourdes assourdies encore par la voix coléreuse de la mère venant de la
cuisine. Elle lui disait qu’il était huit heures moins quart. Alors Hassan fit
sa toilette à la hâte, chercha son cartable, le mit sur le dos, pris du pain et
déserta la maison vers son école.
Ilmarchait
lentement, ce n’était pas la première fois qu’il arriverait en retard à
l’école, cela lui était arrivé à cinq reprises cette année. Pendantles trois kilomètres qu’il parcourait six
fois par semaine et deux fois par jour, Hassan pensait sérieusement à ce qu’il
allait donner comme réponse à son maître lorsque ce dernier lui demanderait
pourquoi il était en retard. Jouer le malade ; il l’avait fait trois fois
cette saison, d’ailleurs il n’avait pas l’air de souffrir de quoi que ce soit.
Il se donnait beaucoup de malet
réfléchissait avec une grande application pour trouver une raison crédible et susceptible
de justifier son retard, et ainsi échapper à la punition ; car
malheureusement il était souvent gratifié par la généreux bâton du maître, non
seulement pour son retard fréquent mais aussi pour les devoirs oubliés ou non
faits à la maison, pour une mauvaise réponse en classe ou tout simplement à
cause de ses querelles à répétition avec les filles lors de la récréation.
Un seul kilomètre qui le séparait de l’école, cependant il
n’avait pas encore réussi à inventer le prétexte qui pouvait dissuader le
maître de lui filer sa part quotidienne de bâton.
Soudain il entendit une voix rageuse hurlant derrière
lui ; c’était le petit berger de monsieur Jilali qui lui jetait des
insultes accompagnées de pierres. Hassan essaya de se protéger tant qu’il
pouvait de cette avalanche brusque de cailloux venant de partout, mais c’était
déjà trop tard, deux pierres l’avait sérieusement touché ; une au bras
droit et l’autre plus grave à la tête, le sang descendit le long de son front. Le
petit berger, apercevant le sang, s’éloigna en vociférant : « La
prochaine fois je te tuerai… »
Hassan allongé par terre, essuya le sang à l’aide des
manches de son tricot, chercha son pain le mit dans le cartable et continua son
chemin en regardant son agresseur avec une colère désarmée et des yeux
larmoyants.
Enfin arrivé à l’école, il entra en classe avec une heure de
retard, le tricot souillé de sang et de boue, les joues pâles et les yeux
exorbités.
_ Qui t’a fait ça ? Demanda le maître
_C’est le berger de Hadj Jilali, il m’a lancé des pierres
avant de se sauver, lui répondit-il
Alors le maître lui fit signe de s’approcher, il examina la
blessure en lui disant ce n’est pas graveet lui demanda de poser le cartable et de le suivre pour qu’il lui fît
un pansement.
A la fin de la séance, le maître demanda à Hassan :
_ Comment tu te sens maintenant ?
_Très bien monsieur.
_Mais tu ne m’a pas
dit pourquoi le berger t’a agressé.
Hassan baissa la tête et balbutia quelques mots
inintelligibles en transpirant, le maître ne s’aperçut pas de la situation
burlesque de Hassan, mais les élèves en riaient.
Entendant les rires, il demanda :
_ Pourquoi vous riez ?
_ Hassan est en train de mentir, répondit un élève
_ Il est devenu tout rouge comme une tomate bien mûre,
ajouta une autre
_ Alors vous savez la raison pour laquelle le berger a
agressé Hassan, dit le maître
_ Oui monsieur, répondit toute la classe d’une seule voix
_ Qui peut donc me raconter l’histoire ?
_ Moi monsieur, se proposa Sana
_ Vas-y Sana je t’écoute !
La fillette de dix ans récita les tenants et les
aboutissants de l’histoire en prenant beaucoup de plaisir et en esquissant
quelques rires : « Avant-hier, monsieur, Hassan a volé la gourde du
petit berger et l’avait apportée avec lui à l’école, pendant la récréation, il l’avait montrée à
tous les élèves, même au fils de Hadj Jilali qui a dit au berger que c’est
Hassan qui lui a volé sa gourde, le berger nous a promis de se venger, ce qu’il
a fait ce matin. »
_ Et où est la gourde ? demanda le maître
_ Elle est dans le musée de la classe, répondit Sana
Le maître se dirigea
vers le musée, pris la gourde et demanda à Hassan : » C’est la gourde
de qui ? »
Hassan baissa la tête et resta silencieux, honteux et glacé
de peur, le maître regagnale bureau,
chercha le fameux bâton et dit : « Voler et mentir, ça mérite
une récompense ! »
Ce jour-là Hassan, en plus de sa part quotidienne de bâton,
avait eu un petit bonus.
Ce blog est dédié à la littérature et au défoulement langagier, donc il est une invitation au partage, au dialogue et à la réflexion.
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